Pourquoi la vie commence.
Pour finir si tôt se dit Jean, un revolver à la main ; dehors, derrière des vitres sales et poussiéreuses, les arbres du parc eux-mêmes, semblent immensément tristes, leurs bras pendant avec inutilité. Leur déplacement est lugubre et les racines couleur d’automne paraissent du sang figé, rouillé…
Il a tant foulé cette colline aux petits bois jadis.
Le petit bois de Monts, on l’appelait et sa musique est infiniment mélancolique à l’enfance.
On parcourait ses sentes en courant et en se chronométrant. Le père, parfois, était là ; il avait grande imagination et tendait des fils entre les arbres pour augmenter les difficultés des athlètes. Ainsi les enfants sautaient et couraient et nous sautions, pleins de vie ; oh oui nous sautions plein de vie. Jadis.
Plus tard, seul à l’adolescence, c’était des gymkhanas avec le 102 Peugeot ; encore après une petite moto de cross et plus le temps passait, plus ce petit bois devenait un gros bosquet, les yeux de l’enfant avaient tout agrandi… Mais c’était la nature et un peu plus loin, la lande était là avec ses traces de gibiers et la beauté de ses teintes pastel.
Quelques années passèrent, puis le petit bois disparut – comme la vie douce -.
Rues, routes, goudrons, maisons, jardins : tout fut nivelé, mis à la disposition des hommes adultes, tout fut – comme on dit maintenant (quel mot extraordinaire !) – artificiallisé.
Alors il est là, tranquille, l’arme à la main, et dont il sent parfois le bout froid contre sa tempe ; oh ! en finir.
Je ne suis plus apte à dérouler tout ce fil : Ariane a bien tout trop compliqué. Et mon amertume est grande ; et pourtant quelle liberté ! A l’heure des vingt ans retrouvée, quelle liberté ! Ces traversées, la nuit, dans ses propres déserts, où je passais tel un roi discret dans ma population endormie, glissant féériquement en ondes multiples et oniriques.
La batterie qui scande, ce désert est ce jour, comme des goûts de suicide endolori et les feuilles mortes automnales forment des coussins dans leur pourriture panachée.
Autrefois, il y eut là le petit bois de Monts et son cortège de souvenirs. Encore une fois, le retour à la douleur.