La mer me touche de tous ses doigts
Je rêve, illuminé
Les chants musicaux flottent insensiblement et les mouettes guettent les vautours
Les dériveurs plongent et ressortent ruisselants d’essence marine
Les nuages préparent leur migration
Les oiseaux crient de joie
Et ma main se rapproche de la tienne par les sombres détours de l’irréel
Je t’aime.
Le silence se met à exister
Et la lampe de pétrole brûle près de mon corps
Derniers souffles de la flamme qui danse aux sons de l’air
Ma montre indique 23h 30 et je n’ai pas sommeil
Comme pour préserver mes minutes de bonheur, le silence m’enveloppe et la nuit est claire, à ma lucarne un phare
Et dehors, la mer bouffonne
Je suis seul et bien, mes seuls amis : ma montre, la lampe de pétrole, le phare inlassable, les craquements nets des bûches dans l’âtre
J’ai le torse nu, la nuit est belle
Le murmure pâle de l’eau et ce phare rythmique pour mes jeunes sens
J’écris le nez sur mon bloc
Un éclat toutes les 10 secondes
Pour dire l’ennui qui pousse
Je suis loin de toi que je rêve, loin de ma ville
Le phare tourne bêtement se moquant de ma vie
Dans mes songes, je vois tes seins d’alouette, tes seins de mouette
Tu es si légère, parfois, le phare éclaire des mots d’amour
Je les déchiffre, ils viennent de toi, le soleil terne et noir, l’air me manque
Mes inspirations fuient comme des poissons dans l’eau
30 jours nous éloignent
je compte le phare comme le métronome de nos séparations
je suis sur l’île de Victor Hugo
le vent souffle, un chien errant sur la plage est venu nous côtoyer
il cherche à voler les chaussures d’un ami
celui-ci est obligé de marcher le bras en l’air dans le sable froid
je disais :
la peinture éternelle
c’est le sombre sang
que ma belle fidèle
fait couler depuis 100 ans
L’air paraît mer
Et ces chevaux, ces arbres et ces tuilent flottent comme des méduses aoûtiennes, le long de la Vilaine
Le chemin est rude, mais ta main m’entraîne
Le soleil oblique nous jette
Des clins d’œil complices et les lapins qui nous guettent
Semblent vivre leur premier jour
Odeurs des mers du Sud de la Bretagne
O paysages limpides des tableaux du peintre
Il reste dans mes yeux pâles l’immense visage de la mer
Et tous ces bleus et verts, ces îlots crachats de géants
Je suis seul comme l’adolescent que je suis dans mes souffrances
Tu n’existes pas encore, je le sais
Et pourtant je rêve aux bonheurs des filles de ma rue
Regards et soupirs courtois ou non
Vous gonflez vos bustes à volonté
Vents et souffles de la mer
Rugissez vos prières
O vagues si violentes
Je suis là dans l’attente
Dans quelques semaines
J’aurai 17 ans
17 ans déjà derrière dans le vent affolé de l’enfance
j’ai l’impression déjà d’une carcasse trouée
d’un poète noir
et d’un corps chaud qui n’est là que pour brûler et mourir
photographies frenchpeterpan ©